D’une sombre histoire de bouf salé le Mardi gras (le mot de l’énigme figure ici dans les notes) naquit l’idée lumineuse selon laquelle Rabelais aurait vu le jour en 1494… Il est des idées dont on revient, et l’on parle aujourd’hui de 1483, donc d’un Rabelais vieux de 511 ans. Soit. L’homme disparaît derrière ses mythes ; reste l’ouvre, sans âge, et qui a encore beaucoup à dire si l’on en juge par l’édition que procure Mireille Huchon, édition complète – on y trouve les cinq livres et la totalité des ouvres diverses – fidèle, éclairante, nouvelle.
Fidèle, le texte, celui des éditions parues du vivant de Rabelais (sauf pour le Cinquième livre , posthume), avec, pour aider à la lecture, la traduction en bas de page des mots vieillis. Éclairants, les appendices, où sont publiées les chroniques de Gargantua, dont Rabelais fut l’éditeur (l’auteur ?) et qui ont nourri son ouvre, et tous les textes[Isle sonante, manuscrit, chapitres écartés] qui permettent de trancher la question de l’authenticité du Cinquième livre.
Neuve, enfin, l’annotation qui, tenant compte de la multiplicité des lectures possibles, fait justice de quelques idées reçues et propose de nouvelles hypothèses, par exemple à propos des modèles de Thélème ou de la navigation des héros du Quart livre. Quoi qu’il en soit du bouf salé, cette édition, très attendue, restera celle du 5e centenaire. De l’influence des anniversaires sur le bonheur de lire…
Livre imprimé en France
Bibliothèque de la Pléiade